Les enfants de Koé font lever le pied aux automobilistes

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«L’idée m’est venue l’année dernière en passant à Oundjo, où on voit des panneaux avec des visages d’enfants. J’ai vu à travers ces panneaux deux avantages : le fait que ce soit un enfant qui transmette le message à un adulte, c’est doublement respecté, et il y a aussi un côté matériel, ces panneaux-là sont les seuls à ne pas souffrir de vandalisme », a rappelé lundi Sylvie Soubrier, référente sécurité routière de la Defij* en province Nord, à l’occasion de la pose à Koé de panneaux pédagogiques réalisés par des écoliers.

Sylvie Soubrier, qui ne compte plus les kilomètres parcourus pour porter ses actions, s’est rendu compte de la dangerosité de la circulation dans la traversée de la tribu de Koé. « Avec la configuration de l’axe routier, avec ces lignes droites, ma plus grande frayeur était qu’un jour un enfant traverse brusquement la route », ajoute-t-elle.

Les aménagements en cours sur la route à ce moment-là ont conduit la référente sécurité routière à se rapprocher de la Daf (direction aménagement foncier) qui effectuait les travaux, de la commune et des coutumiers dans le but de coordonner une action ensemble, incluant des panneaux réalisés par des enfants.

Des photos qui interpellent

Cette démarche s’est concrétisée par une rencontre entre des élèves de Koé de cycle 2 de l’école Marie-Emerante du village. « Cela s’est déroulé sur quatre vendredis », raconte Delphine, institutrice à la maternelle du village. « Nous avons travaillé avec cinq groupes : un sur les bambous gravés (les dessins qui ornent les bords des panneaux s’inspirent de la gravure sur bambou), deux groupes pour les messages - un pour le français, l’autre pour le cèmuhî -, un groupe pour la photographie et un groupe pour des jeux sur la sécurité routière. » Les élèves ne cachaient pas leur joie ce lundi. Ils ont parcouru toute la tribu à pied, s’arrêtant à chaque cadre encore vide. « Aujourd’hui, en voyant l’apposition de leurs panneaux, les enfants voient le pourquoi du travail », insiste Sylvie Soubrier. « Cela donne un sens à leur apprentissage en étant là avec l’équipe de la Daf. »

Raymond Pabouty, petit chef de Koé, n’a pas manqué l’événement. Il a suivi lui aussi l’équipe de la Daf et le groupe d’écoliers dans la traversée de sa tribu. « Ça va changer beaucoup de choses », dit-il. « Cela rappelle d’abord aux automobilistes qu’ici, à la tribu, il y a aussi des enfants. Il fut un temps où on ne mettait que des panneaux, mais les gens ne les respectent pas. Il fallait autre chose et la photo d’un enfant, ça interpelle. »

La création des panneaux a été financée à 100 % par Koniambo nickel et les travaux (réfection de la route, passages piétons protégés, dos-d’âne), seront inaugurés vendredi.

* Defij : Direction de l’enseignement, de la formation, de l’insertion et de la jeunesse.

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