Vannerie

Gérald Gounou

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Musique

Gérald Gounou est le président de l’association Pugaan Teveora, la Fédération des associations de Pouebo depuis juin 2017 et en sa qualité de président, il siège au Conseil des Femmes de la Province Nord. Retour sur un homme qui s’implique dans le monde associatif en général, et dans celui des femmes en particulier.

L’activisme de Gérald Gounou remonte loin. Dans les années 80, il est élevé par sa grand-mère, une militante très impliquée dans les groupes de femmes de la région Hoop Ma Waap avec une trentaine d’autres camarades, et dans l’Union Calédonienne. Elle milite, déjà à cette époque, pour les droits des femmes dans la mouvance indépendantiste. Elle veille à ce que soient intégrés des problèmes modernes à la lutte. Notamment, pour lutter contre les violences conjugales, elle organise une marche à Pouebo pour l’interdiction de la vente d’alcool. Elle met également en place des ateliers de sensibilisation et traite de sujets assez tabous comme les maladies sexuellement transmissibles. Pour pouvoir en parler, elle se rend compte assez vite qu’il faut donner à ces maux modernes des traductions dans les langues et mène un travail sur le sujet. Pour le SIDA par exemple, elle trouvera « maladie qui tue le peuple », parce que c’était un véritable fl éau à cette époque. C’est dans ce contexte de militantisme intense que grandit Gérald, qui sera d’ailleurs envoyé à l’EPK (École Populaire Kanak) où il étudiera un an pendant son adolescence, dernière année d’école avant de devoir arrêter ses études pour s’occuper de sa grand-mère. Après sa mort, il est envoyé à Mont-de-Marsan pour son service militaire, c’est là qu’il prend conscience qu’au-delà du fait d’être kanak, il est calédonien, réalisant qu’il a plus en commun avec les autres calédoniens à ses côtés qu’avec les autres français.

A son retour, il entre au GIE Pwairecaac, qui développe l’économie de Pouebo qu’il faut rebâtir après les événements. C’est toute une façon de travailler qui est alors expérimentée à cette époque et à laquelle il participe, ce qui marque le début d’un engagement militant qui ne le quittera plus par la suite.

Après un détour d’importance par la musique avec le groupe Waan, consolidé par 3 ans de formation à l’AFMI, il intègre Dubaan Kabe et intervient régulièrement auprès des élèves de la commune. En parallèle, il suit une formation d’aide-soignant et mène à son tour des ateliers de sensibilisation pour inciter les gens à se faire soigner, et à surmonter la peur des médecins. Depuis quelques temps, il a repris le fl ambeau de sa grand-mère et fédère les femmes de sa commune.

On ne vous l’a pas dit mais Gérald est aussi l’un des rares hommes à savoir tresser, il échange ses techniques avec les femmes et met en place des ateliers. Sur Pouebo, il met en place des classes à PAC (Projets Artistiques et Culturels) pour sensibiliser les enfants à la cuisine traditionnelle, au tressage. Il a travaillé avec le bureau de l’aire Hoop Ma Waap sur le dossier des nattes de bonjour. Au sein de son association, de nombreux ateliers permettent les échanges de savoir-faire et de pratiques : Vannerie, Environnement (avec des techniques de reboisement ou de lutte contre les espèces invasives), couture (où, ici aussi, un homme s’est lancé et fabrique des robes, Boris Poumalis). Ou encore tout un travail mené autour des langues, pour prolonger la collecte et la création de vocabulaires spécialisés et inciter les jeunes à les pratiquer pour les empêcher de disparaître...

A Pouebo, les femmes sont très heureuses de pouvoir compter sur lui, il est un peu une passerelle : par son vécu, entremise, de nombreux hommes se mobilisent pour aider les femmes dans leurs actions militantes

Gerald Gounou

Yvette Poma

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Assise sur une natte, Yvette tresse silencieusement ses sacs en feuilles de cocotiers et en pandanus. Originaire de la tribu de Saint-Louis à (Pweevo) Pouébo et mariée dans le pays Païci à Ponérihouen, Yvette confie qu'à travers son parcours de vie, elle apprend différentes façons de faire.

A 52 ans, l'éducatrice à la retraite consacre tout son temps au tressage. "J'aime tresser, j'aime transmettre et échanger avec les autres. Ma priorité c'est la culture et j'ai toujours oeuvrer en ce sens. Déjà à l'école en tant qu'éducatrice dans les ateliers avec les élèves, on chantait ensemble ou on préparait ensemble un four. La transmission c'est important, je suis fière de voir les jeunes qui sont avec nous, on suit leur mouvement et on s'accompagne. C'est important pour la jeunesse de bénéficier de ses savoirs, nos vieux partent tout doucement avec leurs savoirs-faires."

Cette transmission qu'elle a eu par ses soeurs, Yvette a a coeur de le partager. Elle mène ses propres recherches en cotoyant des tresseurs et tresseuses du pays. "Chaque région a sa propre façon de tresser un natte mais chacun suit le calendrier de l'igname. On ne coupe pas le pandanus à n'importe quel moment, un temps est donné et chacun développe son savoir selon ses propres besoins."

Yvette explique que le sac pour aller au champ est fait de façon à ne pas avoir mal au dos et bien plus pratique que les sacs cabas qu'on utilise aujourd'hui par simplicité. Ce sont ses habitudes qu'il faut petit à petit bannir en apprenant dans nos familles et dans nos clans que nous avons des sacs et que chacun d'entre nous peut tresser. 

Yvette emmene avec elle, son savoir, ses fibres, ses sacs et espère à chaque moment des instants riche en partage qui viennent remplir son propre "panier".

Yvette poma

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2023
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